Suivre les rives du lac Témiscamingue

Les parfums du bouleau et du pin étaient vivifiants! Des tiges dorées et des herbes sauvages le long de l’accotement avançaient et ajoutaient un éclat de couleur. La route brillait. Il venait tout juste de pleuvoir, et en raison de la quantité d’eau qu’il restait, le Roi de la route et moi avons évité un bon bain, et de justesse.

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Chambre du Holiday Inn de North Bay

«Merci», ai-je adressé à dame Nature qui venait de nous dresser ce magnifique décor. La chaussée glissait sous mes roues, tournant et se redressant sans cesse. La moto bougeait tout naturellement, avec constance. Le Roi de la route ne brillait plus de tous ses feux. L’eau et les débris de la route avaient terni son chrome. J’ai pensé aux amateurs de Harley rencontrés au fil de la route, qui m’ont accusé de négliger son apparence. Mais lorsque je leur parlais de cette magnifique route, sauvage, sans clôture, bref, de la sensation de conduire à l’état brut, ils imaginaient, ils comprenaient. Le seul bruit était le bourdonnement en harmonie des deux moteurs du Roi de la route. Tout ceci sur la route qui menait de New Liskeard à Elk Lake et retour.

Emportée par le sens de l’aventure, j’ai observé Toronto disparaître dans mon miroir. Je partais vers le nord, pour faire le tour du Lake Temiskaming. J'ai fait une bonne partie du trajet – près de 7 heures de moto – jusqu’à Sudbury, puis j’ai bifurqué vers North Bay, où j’ai passé la nuit. J'ai encore en bouche le goût des crêpes chaudes que j’ai dévorées au buffet du déjeuner au Holiday Inn. Dire que j’ai failli m’en passer pour avoir plus de temps pour aller chez North Bay Cycle. J’avais récemment rencontré Jody et le groupe de course de North Bay lors d’un événement Mospor de la Vintage Road Racing Association (VRRA) et j’avais promis de faire un saut à la boutique. Nous avons fait une visite très agréable où nous avons bavardé exclusivement de moto et de randonnée. Et je confirme — les rumeurs sont entièrement vraies — les gens de North Bay sont aussi chaleureux qu'ils le prétendent.

En partant de North Bay, j'ai repris la route du nord sur la Transcanadienne 11, vers Timmins et Cochrane. C'était facile de garder une vitesse constante: la route était belle et se déroulait devant moi comme un tapis. Je n'oublierai pas la ville de Temagami - je suis contente d'avoir pris le temps de visiter la magnifique vieille gare historique sur la rue principale, restaurée selon le modèle de la gare originale construite en 1907. Jenny, qui faisait son emploi d'été au centre d'accueil à l'intérieur, m'a dit que Temagami était reconnue pour ses majestueux et rares pins rouges et blancs. L'intérieur fini en pin soulignait magnifiquement ce fait. 

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Gare historique à Temagami 

Oui, hier a été une journée parfaite, et puis - parcours de retour de Elk Lake à New Liskeard pour la nuit - je me suis retrouvée sous une pluie torrentielle que j'avais eu la chance d'éviter plus tôt. Ça tombait dru. Bon sang que je souhaitais avoir mes gants imperméables! J'ai aperçu l'embranchement pour le parc provincial Kap-Kig-Iwan, en espérant pouvoir voir les rapides d'eau vive de la rivière Englehart. J'étais le seul visiteur, la température ayant chassé les autres. Moi aussi j'ai choisi de ne pas descendre de ma moto en me disant que je reviendrais un jour plus ensoleillé.

Lorsque je suis arrivée à New Liskeard, il ne pleuvait plus mais les nuages à l'horizon annonçaient que la pluie recommencerait bientôt. J'ai eu la bonne idée d'aller rencontrer Doug et Kim au restaurant du bord du lac, le Roosters, en taxi — pour m'éviter une autre douche sur le Roi de la route. Doug et Kim font la promotion et la gestion de la New Liskeard Bikers Reunion et y participent avec enthousiasme. En grignotant les hors-œuvre et les savoureuses entrées, ils m'ont fait part de l'incroyable popularité sans cesse croissante de l'événement qui a lieu maintenant depuis treize ans. Littéralement, des milliers de motocyclistes arrivent à New Liskeard pour profiter des randonnées locales et de la camaraderie—plein de plaisir. L'événement sert à amasser des fonds pour l'unité des soins du cancer à l'hôpital Temiskaming. J'étais convaincue : c'était un des événements que je ne veux surtout pas manquer l'été prochain et j'ai marqué sans attendre les 28, 29 et 30 juin sur mon calendrier.

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De nouveau sur la route du Nord

« En avant toute vers le Nord » me suis-je dit tout haut. Jour trois et les routes du nord m’attendent! J'ai sauté du lit et jeté un coup œil par la fenêtre - la chose la plus importante que fait un motocycliste en s'éveillant en pensant à la randonnée qui s'en vient. Le Roi de la route se tenait, à peine visible, dans l'épaisse brume non annoncée, juste en face du Holiday Inn. Ça m'a rappelé l'Autriche, les Alpes; presque tous les matins c’était exactement comme ça. J'ai décidé de prendre mon temps, pour permettre à la brume de lever avant de partir. Il est plus prudent de voyager lorsque la visibilité est meilleure. J'ai pris mon temps dans mon spacieux appartement du Holiday Inn et puis je suis descendue prendre de nombreuses tasses de café et, bien sûr, des crêpes.

La brume s'est levée; j'ai attaché mon sac cargo au siège du passager et glissé tout ce qui restait dans les sacoches du Harley. Juste en bas, j'ai enfilé, à l'intersection, sur la route 65 est. De temps en temps, un camion grumier rempli à ras bord de bois passait dans la voie inverse. Des petits morceaux d'écorce volaient dans les airs et laissaient une délicieuse odeur de bois frais coupé. Ça n'a pas pris de temps que j'ai commencé à voir du français dans les noms des villes et les enseignes des magasins.

Bientôt, droit devant, le panneau « Bonjour! » qui accueille les voyageurs dans la province de Québec, juste à 22 kilomètres de New Liskeard! Je faisais maintenant le tour de la partie la plus septentrionale du lac Témiscamingue. J'ai poussé un peu le Harley jusqu’au pittoresque village tranquille de Notre-Dame-du-Nord où la route 65 croise la 101 sud. Elle continue sur une étroite section de l'imposant lac. Le paysage de l'Ontario au Québec se déroule en une combinaison de plateaux, d'escarpements et de plaines aux élévations différentes et le lac Témiscamingue apparaît, puis disparaît entre les boisés.

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Un exemple de camions plein de bois sur la route

Une heure de randonnée est vite passée. J'ai tourné à droite sur le Chemin du Vieux Fort pour aller visiter le Fort-Témiscamingue, lieu historique national. Situé sur le coin nord-ouest de la rivière des Outaouais où elle passe de l'ouest au sud-est.

J'ai marché vers l'entrée et laissé le Roi de la route continuer à faire des drôles de bruit - les sons caractéristiques du refroidissement des pièces - dans un endroit à l'ombre. Les rives du fort étaient bordées de petites roches blanches polies par l'eau. J'ai marché sur le terrain, découvrant des scènes amusantes sur des activités d'autrefois dans le fort.

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Conduire le long de la rivière des Outaouais

De grands tipis blancs, un atelier de fabrication de canots et des scènes de traite sur la colline et sur la rive m'ont amenée à m'imaginer en explorateur ou en spécialiste de la traite. De fait, j'étais un découvreur—qui était arrivé en motocyclette et si les véritables découvreurs avaient eu le choix, ils en auraient peut-être fait autant eux aussi.

Faire une randonnée en moto semble toujours éveiller l’appétit, et j'étais prête à diner.  J'ai poursuivi ma route jusqu'au site de camping récréotrouristique La Bannik situé à la base d'une montagne de conifères non habitée. Le restaurant La Bannik offre une vue à vol d'oiseau du lac. Je me suis installée sur la terrasse extérieure en bois parmi les cimes des bouleaux gris. Le panorama vers l'ouest a mené mes yeux vers le soleil de mi-journée qui illuminait le lac comme s'il portait une couverture de diamants. J'ai siroté mon thé glacé, m'imaginant qu'il s'agissait d'un verre de vin rouge de France - si je n'avais pas prévu poursuivre ma randonnée. La conversation animée, en français, à la table d’à côté conférait le parfait accent à chacune de mes bouchées de ma savoureuse pizza basilic à croûte mince.

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La vue du restaurant La Bannik

Direction sud sur la route 101 sud et toujours au Québec, j'ai atteint en un peu moins d’une heure la ville de Témiscaming. De la rue principale, j'ai tourné vers le Musée de la Gare. Vous pensez peut-être que je suis une mordue des trains—c'est en effet la deuxième gare où je m'arrête depuis mon départ, mais je ne peux résister à l'attrait de ces édifices historiques uniques. Le musée contient une belle collection de vestiges historiques montrant ses activités depuis 1927. J'ai trouvé ses authentiques bancs en bois, avec de véritables vieux bagages, prêts pour quelque voyage à venir.

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Conduire le long de la rivière des Outaouais

Mon plan était d'arriver à l'auberge Cedar Gables Lodge de Bonfield avant que le soleil soit trop bas. J'ai traversé la rivière des Outaouais et suis retournée en Ontario par la route 63 sud. Plutôt que de rester sur la route 63 jusqu'à North Bay et puis vers l'est sur la route 17 jusqu'à Bonfield, j'ai décidé de prendre la route 533 par le raccourci de Mattawa. Ça n’a pas réduit la durée du voyage mais m’a fait vivre une aventure. Deux motocyclistes sur Harley que j'ai rencontrés précédemment à Temagami m'avaient prévenue que la surface de la route 533 n'est pas très bonne et devient du gravier. J'ai retenu l'avertissement, et j'étais indéniablement allumée à l'idée de faire une randonnée stimulante. J'ai tourné sur la route 533, en accélérant avec précaution. Ce n'est pas si mal, me suis-je dit. C'était une sorte de mélange de pierre et de parcelles de pavé ici et là. Et puis le pavé s'est changé en une surface rude et cahoteuse exactement comme celle qu'ils m'ont décrite. J'ai ralenti et j'ai « profité du défi », faisant de mon mieux pour éviter les parcelles difficiles. La route se rétrécit, tourne, puis s'élargit et se rétrécit encore pendant 52 kilomètres - et j'ai adoré chaque minute de la route!

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Un magnifique tronçon de la route 533

Les boisés sont près de la route et, à certains moments, ses voutes me protégeraient sans doute de la pluie qui menaçait de tomber. Et il y avait des pancartes Défense de passer devant les sentiers qui partaient de la route. Ils semblaient mener à des campements ou à des exploitations forestières comme le laissait supposer le sol coloré rougeâtre. J'avais le goût d'une moto tout-terrain, imaginez comme ce serait agréable d'en conduire une ici! Les camions d'exploitation forestière utilisent eux aussi ce raccourci et n'avaient aucun remords à me dépasser sans ralentir et, il me semble, toujours dans les sections de la route en gravier; j’étais couverte de poussière. Et oui, je reprendrais ce raccourci par la 533 pour avoir l'émotion de la randonnée, mais pas nécessairement pour gagner du temps.

Après un bref tour du village de Bonfield et une conversation animée avec deux petites filles intrépides de cinq ans près d'un d'arrêt, j'ai fait demi-tour en constatant que ce n'était pas là que j'allais trouver l'auberge Cedar Gables Lodge. Puis, retour sur la route transcanadienne 17. J'ai pu apercevoir l'affiche de la route 3, vers le nord, menant à l'auberge Cedar Gables Lodge, exactement de l'autre côté de la route. Joanne et Darcy Watson m'attendaient et avaient préparé un plancher en bois pour stationner ma moto dans le gravier, un sympathique tapis de bienvenue, pour ainsi dire. Après avoir mangé un délicieux sauté de légumes maison, une bière fraîche et une conversation qui ne se passe habituellement qu'entre de bons amis, j'ai grimpé dans le lit à colonnes et suis tombée endormie au son de l'orchestre de grillons du Cedar Gables.

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Auberge Cedar Gables de Joanne et Darcy Watson

Le Roi de la route, chargé et prêt à entreprendre le chemin, nous ramènera vers Toronto. J'ai dit au revoir aux Watson et à leur accueillante auberge parmi les cèdres. J'ai remonté l'allée, empoignant le guidon du Roi de la route à contrecœur, comme un parent qui fait sortir son enfant de l'aire de jeu. Dans quatre heures, je serai en pleine heure de pointe, à la chaleur, à Toronto. J'ai tourné sur la route 17 est, appuyé sur l'accélérateur et suis passée à la prochaine vitesse. J'ai regardé la vue par les rétroviseurs, ne voyant cette fois que les reflets du lac Témiscamingue. C'est cette image que j'ai gardée en tête sur le chemin du retour, pendant aussi longtemps que j'ai pu.

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Rives du lac Temiskaming
 

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Pour obtenir plus de renseignements, visitez les sites web suivants :

Temiskaming Shores 

North Bay Holiday Inn

New Liskeard Holiday Inn

Mattawa Voyageur Country

Cedar Gables Lodge, Bonfield

Harley-Davidson Canada 

About Vicki Gray

Vicki Gray is founder of MOTORESS.com the only global magazine of it's kind for women motorcyclists. An entrepreneur, passionate motorcycle rider, racer, instructor and journalist, her contributions on and off her motorcycles are recognized the world over. Born in Ontario, she got into motorcycling 30 years ago, and has been an instructor for 26 of them. She continues to passionately represent and advocate for motorcycling on all platforms while taking in many kilometers of her own on the road, track or dirt.

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